Il n’y a pas de définition unique du leadership, mais, pour résumer l’essentiel, c’est l’art d’inspirer des individus vers la réalisation d’un objectif.
Il est donc légitime de se poser la question à savoir ce qui inspire les gens à suivre un leader dans la réalisation d’un objectif ? Plusieurs choses, mais la clé universelle réside dans la confiance, dans le sentiment de sécurité. Sans confiance, il est peu probable que quiconque donne le meilleur de soi à une autre personne.
Quel est le lien entre leadership, intelligence émotionnelle et confiance?
Faire preuve d’intelligence émotionnelle en leadership permet de développer un leadership qualifié de « conscient », caractérisé par la capacité à pratiquer l'introspection et à agir en pleine conscience. Face à l'adversité, le leader conscient demeure connecté à son instinct et à ses valeurs, ce qui lui permet de ne pas réagir sous l'emprise de ses émotions ou de ses mécanismes de défense.
Le « super pouvoir » du leader conscient, c’est son intelligence émotionnelle. Cette capacité à comprendre et gérer ses émotions lui permet de rester authentique et d’inspirer la confiance de ses collaborateurs. Ce pouvoir inclut aussi la capacité à reconnaître et influencer les émotions des autres. Face à un leader empathique, les collaborateurs se sentent compris et, encore une fois, plus en confiance.
Examinons comment les composantes de l’intelligence émotionnelle inspirent la confiance dans un contexte de leadership.
La conscience de soi
Un leader conscient a la capacité de reconnaître ses émotions et leurs effets sur sa performance et celle de son équipe. C’est l’assise de l’intelligence émotionnelle.
Ne pas comprendre ses émotions implique d’être à leur merci. Lorsque nos émotions et mécanismes de défense régissent nos comportements, nous ne sommes plus maîtres de nos choix et il devient dès lors plus difficile d’agir comme le leader que nous voulons vraiment être, en fonction de notre volonté et de nos valeurs.
Un exemple serait de valoriser l’autonomie et l’erreur, mais de devenir hyper contrôlant et de critiquer les moindres erreurs sous pression. Si mes valeurs me poussent à dire une chose, mais que mes actions sous pression les contredisent, cela manque d’authenticité et engendre méfiance et insécurité : un manque de confiance.
Le manque de fierté est un signe clair d’incohérence entre nos valeurs et nos actions. Aucun leader n'est fier de laisser la colère prendre le dessus, de tomber dans le contrôle excessif ou de se taire pour éviter le conflit. Ces comportements ne sont pas des choix volontaires, mais des réflexes de protection.
J’utilise souvent l’exemple de l’entretien d’embauche : si tu n’oses pas dire à un candidat comment tu agis sous pression, c’est parce que ces comportements ne sont pas des choix de volonté. Qui admettrait en entretien être hyper contrôlant, exiger la perfection ou procrastiner face à l’ambiguïté ou sous pression?
Les réactions émotionnelles issues de nos mécanismes de défense suscitent la méfiance, créent de l’insécurité et entravent le leadership. Si on se garde de les exposer en entrevue par crainte de faire fuir les candidats, il faut réaliser que ces réactions inspirent le même réflexe de « fuite » aux collaborateurs à l’emploi. À notre défense, nous n’en sommes pas toujours conscients.
C'est pourquoi, pour développer un leadership conscient et inspirant, il est essentiel de comprendre nos émotions afin de ne pas leur laisser le contrôle. Cela permet de devenir le leader que nous souhaitons être, jouer un rôle avec authenticité, et d'aligner nos paroles et nos actions, même sous pression, pour renforcer la confiance des autres.
Maîtrise de soi
La maîtrise de soi est la capacité à gérer ses émotions, qui fait partie de l'intelligence émotionnelle, particulièrement en situation de stress. Une fois conscient de nos émotions, il est essentiel d’apprendre à les maîtriser, surtout dans un rôle de leadership, car elles risquent de contaminer ou d’insécuriser les autres. Si le capitaine est stressé, l’équipage le sera aussi.
Les émotions négatives du leader n’aident en rien l’atteinte des objectifs, puisqu’elles activent les mécanismes de défense des collaborateurs (ce qui revient à dire qu’ils avancent avec un pied sur le frein).
Les émotions jouent également un rôle clé dans la communication, compétence essentielle au leadership. Si 93 % de la communication est non verbale, il est facile de comprendre que, pour inspirer les autres, il soit crucial de maîtriser l'expression non verbale de nos émotions. Comme la confiance se construit dans l’alignement de nos actions et paroles, la cohérence entre ce que nous disons et ce que notre corps exprime est fondamentale.
Affirmer que tout ira bien alors que nos peurs transparaissent par les pores de notre peau ou dire qu’il n’y a pas de problème alors que notre visage exprime la colère, n’invite pas la confiance.
Conscience des autres
S'il est important de comprendre et de gérer ses émotions, il est tout aussi important de reconnaître et comprendre les émotions des autres. L’empathie est essentielle au leadership inspirant, pour créer les meilleures expériences.
Une fois que nous, en tant que leaders, comprenons le fonctionnement de nos émotions, leur impact sur nos actions et la manière de mieux les contrôler, nous serons en mesure d'aider les autres à faire de même et ainsi optimiser l’atteinte des objectifs. La peur est le principal frein à l’ouverture aux changements et aux défis. Pour inspirer les gens à nous suivre dans des contextes de changement et de défis, il est fondamental de les aider à surmonter leurs craintes et donc à gérer leurs émotions.
Conclusion
Comprendre et maîtriser ses émotions permet d’inspirer les autres et d’optimiser son leadership. Sans cela, nos actions ou notre langage non-verbal risquent de ne pas être alignés avec nos paroles, ce qui ne motivera pas les autres à nous faire confiance, à nous suivre ou à nous donner le meilleur d'eux-mêmes.
Il est aussi crucial d'accompagner les autres dans le développement de leur intelligence émotionnelle, afin de renforcer leur capacité à accepter le changement et à mieux faire face à l’adversité.
Je dis souvent que, pour un leader, il est fondamental de répondre à deux questions: qu’ai-je tendance à faire qui est susceptible d’insécuriser mes collaborateurs ? Que puis-je faire pour contribuer à leur sentiment de sécurité ? Sans sentiment de sécurité, il n’y a pas de confiance et, sans confiance, il n’y a pas de leadership inspirant.